En direct du CA AF N°33. Novembre 2021
Les résultats du 3ème trimestre, soutenus par la pointe été, ont permis au groupe Air France d’afficher une meilleure performance, pour la première fois depuis le début de crise COVID.
Le résultat net affiche malgré tout une perte de -247 millions d’euros. En cumulé cette perte s’élève à -1,451 milliard depuis janvier 2020.
Le chiffre d’affaires du 3ème trimestre atteint 2,8 milliards (contre 4,6 milliards en 2019). La situation globale du transport aérien semble s’améliorer peu à peu.
Au mois d’octobre 2021, ADP affichait 65% du niveau de trafic par rapport au niveau pré-crise d’octobre 2019.
Le poids de notre dette peut paraître vertigineux tout comme les défis auxquels nous sommes collectivement confrontés. Redresser les finances du groupe peut également sembler décourageant.
Dans le même temps, certains d’entre nous, entendent dans le discours des directions qui se sont succédées (parfois depuis leur début de carrière) que « l’entreprise va mal ». Ce discours que les salariés ont entendu mille fois -en particulier les PNC- nous conduit au risque de manque d’adhésion aux projets de transformation souhaités par l’entreprise.
Pourtant, la crise que nous connaissons est sans précédent et il est en effet difficile de s’y retrouver. D’un côté, les communications financières, destinées à la presse ou aux potentiels investisseurs se veulent rassurantes, de l’autre, nous entendons en interne que notre situation est très préoccupante.
NOS DÉFIS
Nous faisons pourtant face à de nombreux défis.
A court terme, l’enjeu d’une deuxième étape de recapitalisation reste indispensable dans les prochains mois. Cette phase ne pourra pas se faire auprès de l’État, déjà actionnaire au plus haut niveau possible (quasiment 30%), mais devra s’opérer auprès de nouveaux investisseurs.
La reconstitution de nos fonds propres* (- 5,5 milliards) reste l’enjeu majeur.
*Fonds propres : en résumé, ils représentent les ressources de l’entreprise : le capital social + /- les pertes, ou des bénéfices dans des situations plus favorables) .Le code du commerce impose qu’ils soient restaurés d’ici fin 2023. Ils ne peuvent donc rester profondément négatifs indéfiniment.
L’action AF, qui peine à dépasser les 4 euros (contre plus de 10 euros début 2019), pourrait rendre cette étape périlleuse. Il faudra donc convaincre les investisseurs privés de la capacité de notre groupe à améliorer sa rentabilité, cela dans un timing compliqué marqué par des incertitudes : sur l’évolution de la crise sanitaire (l’actualité de ces derniers jours le montre) et des restrictions de voyage, sur le retour de la clientèle affaires, et une tendance inflationniste sur le pétrole …)
Selon l’Entreprise, notre fragilité financière est accentuée par rapport à nos concurrents directs en raison de notre niveau d’endettement et de faible trésorerie au départ de la crise. Ainsi, Si Lufthansa a pu amorcer son désendettement et se donner plus de liberté pour saisir les opportunités à venir, sa situation financière avant covid était semble-t-il plus favorable.
LA DIRECTION SOUHAITE ACCÉLERER LES BAISSES DE COUTS EN SORTIE DE CRISE.
Parmi les futurs points à discuter également à court terme pour permettre notamment de maintenir un niveau de liquidités suffisantes :
- L’étalement de notre Prêt Garanti par l’Etat (4 milliards)
- La négociation de l’étalement du paiement de notre report de charges sociales.
L’année 2022 sera donc marquée par beaucoup de défis et par la volonté pour la Direction d’accélérer la transformation et d’améliorer notre marge.
DES POINTS POSITIFS
Aussi dans ce contexte de morosité, nous aimerions nous focaliser sur les « bonnes nouvelles ». Pour l’Entreprise, celles-ci sont notamment :
- L’arrivée de l’Airbus 220
- Les retours positifs sur l’ouverture du nouveau salon au 2F
- La réouverture du Canada en septembre et plus récemment des US avec une ambition de retrouver rapidement 90% de nos capacités sur ce marché
- Le programme soutenu sur la période de fin d’année avec des vols supplémentaires
- Les projets de renouvellement de notre flotte avec des avions plus propres et modernes.
Notre groupe peut aussi compter sur des salariés impliqués, un plan de flotte moderne, une image de marque forte et un plan de transformation en marche.
Notre activité cargo reste ultra-dynamique. Les résultats et la croissance de Transavia semblent prometteurs. Hop! poursuit sa restructuration et AF a obtenu la 10ème place dans le classement prisé TOP10 SKYTRAX, devenant ainsi la première compagnie européenne à y figurer.
Cela prouve combien le rôle du PNC, tant dans la sécurité des vols que la qualité du service, est reconnu et mesuré par tous.
Si nous assistons à une hausse du trafic et de meilleurs remplissages. Notre quotidien de PNC est aussi impacté par de plus en plus de vols exigeant un test PCR au départ ou à l’arrivée, voire les 2 ; des confinements parfois stricts dans nos chambres d’hôtels en escale et des clients qui ont bien du mal à respecter le port de masque. Cela rend l’exercice de notre métier plus difficile.
La situation sanitaire mondiale évolue à vitesse grand V et son impact sur notre secteur est direct et permanent. À l’heure où je vous écris fais ce compte-rendu, on parle de 5ème vague, de nouveaux variants et de fermetures de frontières.
Notre situation financière et les défis à venir nous concernent tous, nous ne pouvons que nous souhaiter de rester unis pour les affronter.
A bientôt
Fabrice HURET
Steward AF Administrateur PNC
Élu au Conseil d’Administration du Groupe AF (AF/HOP/TO)
Contact : fahuret@airfrance.fr
Pour rappel le Conseil d’Administration, est composé à ce jour de 17 membres :
• 6 administrateurs exécutifs membres dont Anne-Marie Couderc Présidente du Conseil, Anne RIGAIL et Ben SMITH • 5 administrateurs indépendants, extérieurs à la société
• 6 administrateurs salariés dont un seul pour le PNC (un pour les pilotes et 4 pour le PS)