en direct du ca air france n°16
Entreprise en souffrance, salariés en souffrance voilà à quoi
ressemble Air France aujourd'hui. Constat amer pour une compagnie porte drapeau
qui sillonne la planète et doit porter haut les couleurs de son pays.
Plongée depuis des mois dans un véritable psychodrame, le malaise
vient d'atteindre son paroxysme par la violence physique, condamnable et non
excusable mais révélatrice. Passée l'émotion légitime, nous aurons le devoir de
sortir de cette spirale destructrice et infernale dans laquelle chacun s'enfonce.
Les protagonistes s'y usent, les
salariés s'y perdent. La nécessité d'un objectif commun est vitale :
salariés, direction, organisations syndicales. Nous n'avons pas d'autres choix.
Si nous arrivons par une vision commune à restaurer la place d'Air France et du
Groupe AFKL, chacun pourra, dans son rôle, être fier d'avoir enfin retrouvé le
chemin de la croissance et surtout l'apaisement.
Ce constat est d'autant plus amer que tous les
« ingrédients » sont là. Au-delà du réseau, de l'image, de la flotte,
du hub, les salariés, les PNC sont la grande richesse du groupe Air France. Chacun, dans son
activité quotidienne, ?uvre pour faire
vivre l'entreprise et répondre aux attentes de nos passagers. Alors pourquoi ce
mal-être? Pourquoi cette incapacité à avancer, ce temps perdu? Pourquoi ces
crises à répétitions dévoreuses d'énergie ?
Que l'on ne se trompe pas. Beaucoup de compagnies aujourd'hui en
pleine forme financière et commerciale sont passées par des plans drastiques
aux conséquences douloureuses pour les salariés. Socialement et humainement,
cela est inacceptable.Nous devons et nous pouvons nous épargner ces tristes exemples pour
retrouver notre rang. Il est temps de nous recentrer en interne, de définir en
commun l'avenir d'Air France et de se donner les moyens d'y parvenir, par des
buts atteignables. La culpabilisation
doit être bannie, les salariés méritent mieux. Arrêtons de faire passer les
salariés pour des écervelés accrochés à leur gâteau équipage et les
organisations professionnelles pour des irresponsables. Des accords difficiles
ont été signés.
Les médias,
particulièrement actifs, jouent également un rôle non négligeable. Au-delà de
la fonction d'information qui leur est dévolu, ils semblent servir des intérêts
aux conséquences dangereuses : ceux de contribuer largement à alourdir et
envenimer un climat suffisamment délétère mais aussi d'altérer la compréhension
de chacun. Une période aussi tendue et lourde impliquerait un autre traitement.
Maintenant, l'état
dramatique dans lequel nous sommes plongés permet-il aux Organisations
Professionnelles et à la directionde trouver seules l'issue nécessaire et obligatoire ? Une
intervention extérieure, un regard neutre est peut-être un moyen pour remettre
les parties fragilisées sur le chemin du dialogue. En effet, la crispation est
telle aujourd'hui que la raison de chacune des parties est altérée par des mois
de malaise, d'incompréhension et de tension.La situation économique de l'entreprise, longtemps en tête de
peloton, impose des évolutions difficiles. Elle révèle les difficultés de tous
les secteurs poussés dans la mondialisation sans en avoir ni les moyens ni les
armes. La remise en cause n'est jamais simple et l'ADN peine à se
transformer. Le paradoxe entre un
secteur extrêmement porteur (les prévisions de croissance sont impressionnantes)
et le sort des emplois mis à mal par un laissez-faire politique est fort. D'où l'obligation à la plus grande
prudence, principalement à l'égard des salariés plus victimes dans ces
changements que faiseurs de troubles. Et l'attention à la cohésion des
personnels doit être la ligne de conduite tant l'impératif de sécurité doit
être maintenu, première raison d'être de notre compagnie.Compte rendu du conseilLe Conseil d'Administration du groupe Air France s'est tenu au
lendemain du conseil d'AFKL qui a entériné un plan d'attrition en deux
temps : une partie immédiate qui touche l'été 2016 puis une seconde partie
à compter de 2017 qui sabre davantage dans l'activité et touche par
conséquent de manière très forte les emplois. Aucune résolution n'a été
présentée au Conseil d'Administration d'Air France. Nous avons été informés des décisions prise la veille, mandatant
la direction de l'entreprise de mettre en marche ce plan, faute d'accords
trouvés. Un débat s'en est suivi.
Dans un premier temps, un point sur l'activité du 3ème
trimestre, juin-septembre, a été présenté. Les comptes de ce trimestre seront
examinés fin octobre dans les deux conseils. Les premiers résultats mettent en
lumière une bonne performance, principalement
en termes opérationnel : réussite de l'opération QUICK CHANGE, ponctualité
et performance bagage, ventes d'options générant une forte hausse des recettes
annexes. De même chez HOP ! AF, les améliorations sont nettes sur cette
période estivale. Fort de ces résultats commerciaux, les prévisions budgétaires
de 2015 semblent atteignables.
Ces éléments doivent permettre de redonner confiance aux salariés
quant à la capacité d'Air France et du Groupe à
se rétablir. D'autant que la diminution d'écart entre AF et KLM se
confirme au fil du temps, ces différences de résultats constituant depuis fort
longtemps un gros point d'achoppement entre les deux compagnies. Transform AF a
permis de les réduire de façon significative depuis 2011.
Suite à cette présentation le point sur les négociations du plan
PERFORM 2020 a été entamé. Le plan PERFORM a
été décliné par métiers : pour le personnel au sol PERFORM est déjà en marche : au hub,
au fret, à la maintenance, au commercial et chez HOP. Chacune de ses évolutions ne rentre pas dans le champ de
la négociation, aucun accord n'étant touché. Raison pour laquelle le terme
concertation est employé. pour le PN, constat a été fait qu'aucune négociation n'avait abouti
Compte tenu des échéances du programme et du calendrier qui avait
été annoncé au début de l'été, et
prenant acte de ce qui précède, celui-ci
a été maintenu.
Le plan d'attrition
a donc été annoncé. Il s'effectuerait en 2 phases : 2016 (à compter de l'été 2016): - 5 avions (en comparaison
avec l'été 2015), baisse d'heures de vol et de SKO (Siège Kilomètre Offert),
principalement par le biais de baisses de fréquences. Les avions retirés sont
les B.747-400, ce qui était déjà prévu, mais ils ne seront pas remplacés
par de nouveaux avions. Ces entrées d'avions
sont gelées.
2017 (à compter de l'été 2017): -14 avions (en comparaison
avec l'été 2015) aucun B.787 n'entrerait dans la flotte Air France. La baisse
de SKO serait plus forte avec des conséquences lourdes sur les emplois. Au-delà de la baisse de fréquences
et de la saisonnalité déjà initiée dans la première phase, des fermetures de
lignes seraient décidées. L'entrée des B.787 serait complètement remise en
cause. Pour éviter la perte commerciale du groupe et principalement d'AF, les
partenariats prendraient le relais pour assurer le maintien d'AF en présence
commerciale. L'accord de périmètre des PNT arrivant à échéance en mars 2016,
l'entreprise ne serait donc plus liée pour répartir l'activité différemment.
L'accord PNT dit « production balance » entre AF et KLM, qui
détermine l'activité propre à chacune des compagnies pour respecter un
équilibre de croissance, devrait être remis en cause compte tenu de la baisse
d'activité d'Air France.La présentation en deux temps du plan B laisse à nouveau le temps de
la négociation. Le plan concernant 2016 est effectif ; celui de 2017 sera lancé si aucune négociation
n'aboutit. Si celles-ci reprenaient mais surtout donnaient lieu à engagement, le plan B 2017 serait revu et aucun départ contraint ne serait
associé à des négociations avec accords.Le plan PERFORM présenté
comme tourné vers la croissance peine à se faire comprendre. La multitude de
plans de départ, la hauteur des efforts à nouveau demandés, les annonces permanentes via la presse ne
permettent pas aux salariés de se projeter en faveur de ce plan. On peut
légitimement comprendre qu'après des années de contribution, et malgré une
forte compréhension des difficultés économiques, la lassitude ait pris le pas
sur l'optimisme voulu et la capacité à reconquérir
des parts de marché. Les écueils sont nombreux notamment sur le manque de
lisibilité de la politique « extérieure » qu'elle soit nationale
comme européenne. Si le gouvernement ne peut être considéré comme le seul
sauveur, le soutien d'un secteur aussi puissant que celui de l'aérien, tout
comme celui du tourisme qui lui est fortement lié, est particulièrement timide voire même à des années-lumière
de ce que pourraient attendre les salariés à qui on demande tant. Pourtant de
nombreux rapports, très circonstanciés, en démontrent bien l'importance et les
graves conséquences qu'un manque d'action pourrait avoir. Mais l'entreprise
en interne ne peut non plus poursuivre une activité
sans
se donner les moyens d'assurer
celle de demain. Les investissements aéronautiques indispensables au
développement nécessitent des liquidités importantes. Et l'état actuel du
groupe ne le permet pas. Parallèlement,
nos principaux concurrents qui ne rencontrent pas, ou plus, les mêmes
difficultés financières sont en capacité de capter le marché en croissance.
D'où l'inquiétude de voir ce plan nous faire décrocher en période de
croissance.Le climat anxiogène
qui persiste dans l'entreprise contribue à occulter les nombreuses avancées qui
sont mises en ?uvre. Le décalage complet entre les évolutions positives
porteuses de progrès qui sont réalisées dans plusieurs domaines de l'entreprise
et le ressenti de beaucoup dans l'incapacité à s'en sortir est frappant.Il est donc urgent et vital, pour reconquérir une place de major, que
l'entreprise emmène avec elle les salariés vers un plan d'envergure, dans lequel les salariés pourront croire et
par conséquent s'investir.Marie RAMON Administrateur élue, PNC