les navigants d'air france dans le collimateur de la direction du groupe et du gouvernement
Alors
que nous débutons les négociations de notre ACG (si l'on peut considérer ces
réunions de cette façon...), divers
articles de presse viennent conforter notre analyse :L'unique but de la direction
du groupe AF-KLM est de baisser le coût des salariés de la compagnie Air France
tout en exigeant une hausse de leur productivité, en clair : bosser plus
pour gagner moins.
Après
quelques réunions avec la Direction, et surtout après avoir eu un débriefing du déroulé des négociations PNT, nous
connaissons déjà la méthode de nos
interlocuteurs : les réunions passent et les objectifs demeurent :
diminution du coût de nos heures de vol, réforme à la baisse de notre évolution
de carrière?Bref, ce sont bien nos salaires qui sont visés de toute part, tant
par les mesures suscitées que par la baisse du nombre d'IR qui risque de
découler de la réduction des temps d'arrêt en escale que l'entreprise souhaite
mettre en place conformément à ce que nous avons pu lire dans l'accord PNT
soumis à signature début mai. Un
conseil : achetez d'ores et déjà un joli cadre pour accrocher au mur votre
avis d'imposition 2016 car toutes ces mesures auront bientôt de lourdes
conséquences sur vos prochaines déclarations?Le
pire dans cette histoire c'est que cette mise à poil des navigants est
encouragée par le gouvernement qui estime que nous, navigants d'Air France,
sommes une catégorie de privilégiés qu'il est grand temps de mettre à genoux?
Et c'est dans cet état d'esprit que lors du dernier conseil d'administration du
groupe Air France-KLM, le 3 mai dernier, les représentants de l'Etat ont voté
CONTRE l'arrivée des Boeing 787 à Air France, estimant que l'intégration de ces
avions serait un signal trop favorable alors que les vilains pilotes viennent
de refuser de signer un accord Perform? En
résumé, l'Etat et la direction d'Air France estime que si nous ne daignons
pas faire des efforts, il est légitime
que l'on retourne au plan B, et donc à une attrition, pour passer en force la cure d'austérité.
Les
Hollandais ( les vrais, de l'autre pays du fromage) ne se sont, bien entendu, pas fait prier pour
emboiter le pas aux administrateurs représentants de l'Etat, considérant que
comme on n'arrive à rien avec ces sales gosses de navigants français, il
est maintenant grand temps de mettre en place un vrai plan de réduction de
l'activité de la compagnie Air France pour mieux rebondir par la suite
comme l'ont fait British Airways et Iberia dernièrement. Sans compter qu'ils sont les
premiers à tirer les marrons du feu de cette situation : ils ont trouvé des accords sans exigences de réels
efforts et ont une quasi garantie d'obtenir un transfert d'une partie de notre
activité !Cette
position des Hollandais et de l'Etat français a, semble-t-il, suscité beaucoup
de remous au sein du dernier conseil car certains administrateurs, certainement
plus conscients du réel malaise social existant à AF, ont mis en garde contre
l'incompréhension que risquent de susciter ces mesures chez les salariés d'Air
France déjà très énervés par la cure d'austérité subie ces dernières années?
Demander de nous saigner encore un peu plus alors que la baisse significative
des coûts carburant, mais aussi, et surtout, les efforts réalisés par
Transform, vont certainement permettre d'atteindre dès cette année les
objectifs financiers qu'Air France visait pour 2017, (et ça sans nécessiter
d'efforts supplémentaires), ça risque d'être dur à avaler ! Pour
rappel, l'objectif affiché du plan Perform 2020
était d'obtenir un résultat d'exploitation de 740 millions
d'euros d'ici 2017, or Air France vient
déjà de dégager 462 millions d'euros de
bénéfices en 2015 ! Les chiffres ne sont pas les amis des financiers d'Air
France en ce moment?Alors,
bien sûr, les Cassandre vont vous dire que certes, mais nous ne sommes pas à
l'abri d'un retour de conjoncture avec une hausse du prix des carburants, un
volcan sous une centrale nucléaire à Toronto? enfin bref, tous les arguments
sont bons pour nous faire passer à la casserole, d'autant que certains, peut-être
adeptes des jolis petits proverbes chinois trouvés dans une friandise lors des
repas à thème au restaurant d'entreprise, considèrent « qu'il faut refaire
le toit de la maison quand il fait beau.. » En gros, quand ça va mal il
faut faire des efforts et quand ça va bien il faut encore de plus GROS efforts pour préparer l'avenir? Et
nous alors, c'est à quel moment que l'on gagne le jackpot en touchant une
grosse part variable ??? On peut sans doute rêver? car tels que se
profilent les projets de nos dirigeants, nous ça risque d'être plutôt la case
départ mais sans le jackpot?Car,
non contents de rogner nos salaires, d'autres projets sont aussi dans les
cartons et ceux-là risquent de viser directement nos emplois. C'est
sans sourciller que l'on nous annonce en
« réunion de négociations » que la Direction est prête à
renégocier les grilles de compo peq qui définissent le nombre de PNC à bord et
le ratio PNC /PAX, mais certainement pas à la hausse. Le ton est
donné, mais c'est vrai que l'on est déjà tellement nombreux à bord que l'on
peut se permettre d'envisager de baisser encore un peu le nombre de PNC tout en demandant de
remonter la qualité de service ! Et ce n'est pas une simple rumeur puisque la
Direction parle déjà de retirer un PNC sur les A 319 sur MC et de revoir sur
certaines lignes LC une composition équipage en J plus proche de la C calquée
sur les vols COI?A
cela s'ajoute une volonté de nous faire voler individuellement une trentaine
d'heures en plus par an, ce qui mathématiquement produit un sureffectif :
PLUS D'HEURES DE VOL PAR PNC
=
BESOIN DE MOINS DE PNC.Mais
surtout, et c'est sans doute là le point le plus dangereux, c'est que nous
sommes pleinement entrés dans le côté le plus sombre de la constitution du
groupe AF-KLM? Depuis quelque temps, nous assistons méthodiquement et régulièrement à
un démantèlement progressif du réseau Air France propre. C'est tout
simplement un transfert d'activité qui s'opère lentement mais sûrement au
profit des compagnies low costs du groupe telles que Transavia France, HOP,
ou pire encore vers Transavia Europe, sans compter le
transfert d'une part de l'activité LC rentable vers KLM notre s?ur ennemie qui
prospère gentiment dans un pays où les charges sociales sont moins élevées. Il
faut bien comprendre une chose : l'objectif de nos dirigeants du groupe
Air France-KLM est de réduire notre compagnie française à une simple filiale du
groupe qui, au mieux à terme, fera du LC « haut de gamme ». Et ce
processus est d'autant plus engagé et dangereux que les pilotes viennent de
perdre leur accord de périmètre qui leur garantissait un nombre d'avions
minimum dans la compagnie Air France, ce qui évitait jusqu'alors un dépeçage à
court terme?Pour résumer, le véritable
danger vient de cette opportunité de transfert des lignes qu'offre le groupe et
surtout du cynisme total des dirigeants du groupe, des actionnaires et
apparemment même du Gouvernement qui n'ont aucun scrupule à démanteler Air
France progressivement pour dégager du profit ailleurs ! Le
temps de la culture d'entreprise et de l'ambition de développer notre belle compagnie nationale est révolu,
le tiroir-caisse passe avant tout, au détriment de nos conditions de travail,
de nos salaires et surtout de nos emplois? Car la menace sur le périmètre de
nos emplois est une réalité bien présente, on n'invente rien. Pour preuve, les
derniers chiffres qui viennent d'être publiés : Transavia est en
forte hausse avec 1 million de passagers transportés en avril (+28,6%),
attribuable à la hausse de capacité de Transavia France et à l'ouverture à
Munich de la première base hors des Pays-bas et de France. La compagnie KLM a
transporté 2,538 millions de passagers, soit 5,5%de plus qu'il y a un an,
tandis qu'Air France et Hop ! ont transporté 4,176 millions de passagers
(+1,2%). Ces chiffres parlent d'eux-mêmes, ils sont le résultat des choix de
nos dirigeants qui ont décidé de favoriser les autres entités du groupe au
détriment d'Air France. Le plan B est donc déjà en marche et d'ailleurs, régulièrement
dans les instances de notre entreprise, on nous parle plus volontiers du
développement du groupe et non de notre compagnie en nous vendant que les
efforts sont nécessaires pour permettre ce développement? Mais franchement messieurs les
renifleurs de dividendes (car cela devient difficile de vous regarder comme des
chefs d'entreprise), croyez-vous que les salariés d'Air France vont encore
consentir à des sacrifices pour rester sur le bord des pistes, pour regarder
les avions du « groupe » décoller de la fenêtre de pôle
emploi ???
Nous ne vous laisserons pas
faire votre besogne les bras croisés, gentiment, naïvement, alors que vous
n'avez que pour seule ambition de dégager des dividendes et toujours plus de
rentabilité sans plus d'imagination que ce qu'ont déjà fait vos confrères à
British, Ibéria ou encore Lufthansa?
Il ne pourra plus y avoir de
confiance ni d'apaisement du dialogue social à Air France tant que vous n'aurez
aucune ambition de développer notre entreprise et d'arrêter de voir vos
salariés comme autant de bétail à dégraisser ou à abattre pour dégager plus de
fric.
Aujourd'hui, les PNT ont
lancé un référendum pour un préavis de 6 jours de grève, demain, ce sera sans
doute toute l'entreprise qui risque de se rebeller et les PNC pourraient
s'inscrire très rapidement dans la danse si vous continuez à mépriser leur
travail, leur fatigue mais surtout leur plus-value avec les mesures que vous envisagez
dans les nègos de l'ACG. Vous ne pourrez pas alors dire que vous n'aviez pas
été prévenus? FINISSONS D'AILLEURS PAR UN AUTRE PROVERBE (PAS CHINOIS
CELUI-LA !), PUISQUE L'HEURE EST AU BON SENS :
« QUI SEME LE VENT, RECOLTE LA TEMPETE.. »Et n'oubliez pas