réglementation européenne : ftl > lc
Le
règlement européen, sous partie FTL, est
entré en vigueur le 18 février 2016.
Cette
règlementation établit les exigences qui doivent être respectées par tout
exploitant et ses membres d'équipage en ce qui concerne les limitations de
temps de vol et de service et les exigences en matière de repos pour les
membres d'équipage.
Elle fixe un
socle commun en terme de sécurité aérienne à l'ensemble des pays membres
de l'Union Européenne. Le parlement européen considère « qu'un
niveau élevé et uniforme de protection des citoyens européens devrait être
assuré à tout moment dans l'aviation civile en adoptant des règles de
sécurité communes ».Ces règles fixent donc un socle en dessous duquel
il n'est pas toléré de descendre sans mettre en cause la sécurité d'un vol. Nos
règles d'utilisation de l'Accord Collectif
viennent en complément introduire une notion sociale dans l'utilisation
du personnel navigant. Les FTL sont des règles de sécurité, celles de l'accord
collectif sont des règles sociales. Air France a donc
normalement l'obligation, à compter de cette date, de se conformer à ce nouveau
cadre réglementaire comme toutes les compagnies aériennes européennes.
Il est assez surprenant de voir avec quelle
légèreté la Direction d'Air France a introduit cette réglementation au sein de
l'entreprise. Nos dirigeants semblent avoir pris conscience du problème il y a
à peine quelques semaines? Rien n'a été fait à temps pour que l'ensemble de la
chaine de production soit informé et formé à la hauteur de l'enjeu. Pire, la Direction
d'Air France semble appréhender cette nouvelle réglementation de la même façon
qu'elle l'a toujours fait lorsqu'il s'agit de mettre en ?uvre de
nouvelles règles négociées dans un accord. Une nouvelle fois ce sont le contournement
systématique de toute contrainte et la mauvaise foi qui semblent être la ligne directrice de la
mise en application des FTL. Il s'agit pourtant là de la sécurité de nos
vols !!! Air France est tellement dans la panade qu'elle a
mis le Manex A en conformité avec cette nouvelle règlementation uniquement pour
la maitrise (CC/CCP et pilotes). Cela veut dire qu'à compter d'aujourd'hui, les
HST et les CC/P effectuent leur mission avec un Manex différent!
A la lecture de cette mise à jour sous forme de
BO, il apparait qu'Air France n'a pas cherché à traiter les FTL de façon
transparente, claire et précise. Elle s'est contentée de faire d'approximatifs
copier/coller du règlement, en omettant parfois d'y faire figurer des
paragraphes entiers. Des textes techniques sont inscrits en anglais faisant fi
de la loi qui impose pourtant la langue française dans les consignes de
travail. Aucune précision ou explication, pas un seul exemple représentatif. De
plus, avant même d'avoir obtenu l'approbation de la DGAC, Air France inscrit sa
propre règle dérogatoire concernant « la base d'affectation »Air France continue
à interpréter certaines règles en affirmant que les Temps de Service sont
calculés forfaitairement alors que la DSAC inscrit dans son guide que :
« l'ensemble des limitations de la
partie ORO.FTL s'applique aussi bien en programmation qu'en exploitation ».
Il
est notamment de la responsabilité des exploitants de s'assurer que tout
service de vol est précédé d'un temps de repos correspondant à la durée réelle
(et non pas programmée) du temps de service précédent. Il est aussi
prévu à l'ORO FTL 250 que : « l'exploitant
fournit aux membres d ?équipage, au personnel chargé de l'élaboration et
de l'actualisation du tableau de service et au personnel de direction concerné
une formation initiale et continue à la gestion de la fatigue .
(...) Le programme de la formation porte sur les causes et les effets
possibles de la fatigue ainsi que sur les mesures de luttes contre la fatigue ».
Là
encore, afin de remplir ses obligations l'Entreprise s'est contentée de publier
un misérable 4 page dans lequel un cadre PNC nous explique que voler c'est
fatigant! Cela nous laisse sceptiques quant à la formation qu'ont dû
recevoir les agents de planning et la Direction de la production sur le risque
fatigue des PN?
Air France est
censée faire la démonstration de sa mise en conformité à la DSAC, service de la
DGAC responsable du certificat de transporteur aérien. Nous restons sur ce
point-là aussi très dubitatifs sur la teneur de cette démonstration. Alors que
certains principes de planification ne sont même pas encore consolidés
(ex : planification des Blocs réserve), la DGAC aurait soit disant déjà
donné son aval...
Nous sommes en
droit de nous demander comment cela est possible, car malgré nos multiples
sollicitations sur l'utilisation du PNC dans le bloc réserve depuis le début du mois de février, il nous est
toujours impossible d'obtenir une information claire et précise. Selon le service concerné, (le Programme,
l'élabo, le suivi) chaque responsable y va de son interprétation personnelle.
Avec un tel fonctionnement une même règle n'a pas la même signification d'un
service à l'autre?
Fort
heureusement, cette inconséquence a pour l'instant des effets limités car, dans
la très grande majorité des cas, nos règles sociales, définies dans notre ACG, sont bien supérieures au socle
communautaire encadrant la sécurité des vols. Cependant, certains principes
sont plus restrictifs :1.
la base
d'affectation doit être dorénavant un seul et unique aéroport (AF est en
attente d'une dérogation pour pouvoir assigner des PN sur les deux aéroports
parisiens). Jusqu'à ce jour, la DGAC n'a toujours pas donné de réponse à cette
demande de dérogation. Mais, quoiqu'il en soit, il n'est plus possible de faire
commencer une réserve à ORY et de la poursuivre à CDG. Tout déclenchement sur
un autre aéroport doit être considéré alors comme une MEP.
2.
la programmation
des « temps de repos de récupération prolongés récurrents » (36
heures dont 2 nuits locales tous les 7 jours) doit être planifiée au moins 14
jours à l'avance et cela même dans le BR.
3.
L'obligation d'une durée mini des repos en escale
qui oblige l'exploitant à garantir à chaque PN une période pendant laquelle le
PN peut dormir au moins 8 heures + 1 heure pour couvrir les besoins
physiologiques (repas) + les temps de trajet entre l'aéroport et l'hôtel. Au Caire et à BEY avec 12h40 de Temps d'Arrêt
(bloc-bloc) programmé, il est impossible de garantir ces temps de repos qui
correspondent à un minimum de 9 heures à l'hôtel. C'est donc une totale
escroquerie que de décider que le Temps de Service se termine 30 min après le
bloc et que l'heure de présentation à l'aéroport est fixé à 1 heure dans ces
escales ! 4.
L'attribution
obligatoire d'un poste repos (avec des caractéristiques très précises) pour tous les vols ayant un TSV supérieur à 12h30, sans lequel le vol ne peut
se faire. Notre accord tolère l'absence de poste repos en compensation d'un
RADD alors que l'Europe l'interdit? 5.
L'augmentation
des RPC suite à une rotation ayant un long séjour dans une escale avec un décalage
horaire supérieur à 7 heures.Nous allons tenter de clarifier la procédure qui
impose à Air France d'identifier une période de non activité tous les 7 jours
notamment dans le bloc réserve. Nous nous appuierons pour cela sur un exemple
de planning d'un PNC pour le mois de Mars.
Tout d'abord il est nécessaire de rappeler la
règle : l'Entreprise a l'obligation dorénavant de programmer 14 jours à
l'avance des « périodes de repos de récupération prolongés récurrents» de
36 heures dont deux nuits locales, ces repos ne pouvant être espacés l'un de
l'autre d'un maximum de 168 heures (7jours). La réglementation européenne ne
fait pas de distinction entre le repos à la maison et le repos en escale. Elle
impose juste à l'entreprise d'identifier sur un planning des périodes sur
lesquelles le PNC ne pourra pas voler. La difficulté dans le bloc réserve
réside dans le fait qu'il est pratiquement impossible d'identifier deux nuits
locales (8 heures consécutives entre 22h00 et 8h00) dans une période de 36
heures à l'intérieur d'un bloc réserve puisque, par définition, l'élaboration
ne saura pas, 14 jours à l'avance, où sera le PNC à cet instant. L'entreprise
aurait pu faire le choix de garantir un repos à la base pour simplifier la
gestion de ces périodes mais elle en a fait un autre... plus économique
certainement.
Dans notre exemple de planning, ce PNC a un bloc
réserve de 12 jours, programmé du 6 au 17 mars. Sur cette période de 12 jours,
la direction a donc l'obligation d'identifier 1 période de ?repos de
récupération prolongés récurrents ».
Elle la matérialise sur notre exemple par, « REPOS RECUP RECURRENT
ESC/BAS » qui commence le 12 à 18h00 et se termine le 14 à 06h00. Il
s'agit ici d'heure en France. Cela ne veut en aucun cas dire que le
PNC aura la garantie qu'il sera chez lui sur cette période. Il saura juste
qu'il ne devra pas voler durant ce lapse de temps. L'entreprise devra aussi au
moment du déclenchement vérifier que
l'escale de destination permet l'attribution de deux nuits locale sur cette
même période. Exemple 1 Si le PNC est déclenché le premier jour
de sa réserve le 6 mars sur un 3ON, il aura 2 jours de repos les 9 et 10 au
titre du RPC/NET. Le PNC pourra alors être replacé de réserve le 11 mars. A
partir du 11 mars, comment le PNC est-il utilisable avec cette contrainte de
« REPOS RECUP » du 12 au 14 mars ?
a)
Un 1ON est OK, mais le PNC sera dans ce cas obligatoirement de repos
les 12 (RPC) et le 13mars (repos récup. récurrent).
b)
Un 2ON est OK, à condition que ce vol soit programmé atterrir
avant 17h30 (le Temps de Service se terminant ½ heure après le bloc). c)
Un 3ON est interdit. d)
Un 4ON pourrait être Ok, mais il faudra que le temps de service du vol
retour n'empiète pas sur la période de repos
définie (heure Paris). Il
faudra également que le décalage horaire permette de garantir deux nuits
locales en escale.
e)
Un 5ON ou plus sera OK à condition qu'il n'y ait pas de bretelle en
escale sur la période de repos identifiée (heure
de Paris) et que le décalage horaire permette de garantir deux nuits
locales en heure de l'escale sur la
période identifiée. En résumé, le vol attribué devra respecter deux
conditions : des Temps de
service (à ne pas confondre avec le Temps de vol), à l'aller et au retour,
n'empiétant pas sur la période de non activité prédéfinie et un temps d'escale suffisant
permettant de garantir deux nuits locales aux dates indiquées (8 heures
comprise entre 22h et 8h00). Dans notre exemple le 12 au soir et le 13 au soir.
Le temps de service est tout le temps
pendant lequel le membre d'équipage est à la disposition de l'employeur. Il
commence à partir du moment où le PN doit commencer son service, y compris les tâches administratives avant le vol et se
termine lorsqu'il est libéré de toutes ses tâches, y compris le service
postérieur au vol. Pointage jusqu'à la sortie de l'aéroport. Arrivée à
l'aéroport jusqu'à l'arrivée à la cité PN. Exemple 2Si le PNC n'est pas déclenché le premier
jour, il pourra être positionné de réserve le lendemain, le 7 mars. Un 3ON
passe sans problème avec 2OFF les 10 et 11, le PNC pourrait être repositionné
de réserve le 12 mais il ne pourra partir que sur une rotation dont le
Temps de service se termine avant 18h00 (heure
de Paris) :
a)
Un 2 ON est interdit car il empiète sur le repos.
b)
Un 3 ON ou plus pourrait passer, à la seule condition qu'aucune
activité n'empiète ni à l'aller ni au retour sur la plage de repos et que les
deux nuits locales puissent être englobées dans cette période. S'il n'y a pas de vol ayant ces caractéristiques,
le lendemain sera obligatoirement un jour de repos base. Exemple 3Si le PNC n'est pas déclenché le premier
jour, il pourra être positionné de réserve le lendemain, le 7 mars.
a)
Un 4 ON est OK sans restriction et les 11, 12 et 13 mars seront
obligatoirement des repos base (RPC+NET+Repos de récup récurrents).
b)
Un 5 ON est OK sans restriction
c)
Un 6 ON est OK à condition que le vol soit programmé atterrir avant
18h00 (heure de Paris).
d)
Un 7 ON est interdit. Exemple 4Si le PNC est déclenché le premier jour
sur un 2ON CAI, il sera de repos le 8 au titre du RPC/NET, il pourra être
positionné de réserve le 9 :
a)
Un 3ON est OK sans restriction, 2 jours de repos les 12 et 13 seront
positionnés au titre du RPC/NET et du « REPOS RECUP RECURRENT
ESC/BAS »,
b)
Un 4ON est OK si le vol est programmé atterrir avant 18h00,
c)
un 5ON ne passe pas,
d)
Un vol de 6ON est OK à condition le vol retour ne décolle pas avant
06h00 (heure de Paris). Un 7 ON et plus est OK à condition qu'il n'y ait
pas de bretelles sur le temps d'escale. ATTENTION : Le
« REPOS RECUP RECURRENT ESC/BAS» lorsqu'il est pris en escale ne peut en
aucun cas se substituer aux jours de repos base tels qu'ils sont définis dans
l'accord collectif du PNC. Dans notre
exemple, le PNC a 11 jours de repos base codifiés sur son TDS dans le
mois: 2J les 4 et 5mars, 2J les 18 et 19mars et des N70 du 24 au 30 mars. L'Entreprise
devra donc lui attribuer encore deux jours de repos base dans le bloc réserve.
Elle pourra les positionner sur les journées identifiées « REPOS RECUP
RECURRENT ESC/BAS» ou ailleurs selon l'utilisation que l'Entreprise aura faite
des jours de réserve.
Quoiqu'il en soit, le PNC devra toujours
avoir un nombre de jours de repos base au minimum égal au nombre de jours
défini dans le tableau de la page 156 de l'accord. Soit 13 jours OFF, codifiés
J et N pour un mois complet d'activité. Devant l'absence totale d'information et de
procédures précises, nous avons demandé depuis le 4 février une réunion
tripartite avec la DGAC, la Direction et les syndicats représentatifs PN. Sans
réponse de la DGAC, nous avons interpellé le ministère des Transports pour que
le Secrétaire d'Etat intervienne
rapidement. Nous saisissons l'Inspection du Travail et envisageons de déposer
un DGI au niveau du CHSCT.L'UNSA
PNC NE PEUT LAISSER PASSER UNE TELLE INCONSEQUENCE DE L'ENTREPRISE QUI SAIT
DEPUIS DES MOIS QUE LES IR.OPS SONT INCONTOURNABLES ET QU'ELLE EST CONTRAINTE A
UNE MISE EN CONFORMITE. SEULEMENT, UNE FOIS DE PLUS, AIR FRANCE HABITUEE A LA
« BIDOUILLE », S'ESTIME AU-DESSUS DES LOIS, MEMES EUROPEENNES?
MAIS
NOUS IRONS JUSQU'AU BOUT, CAR C'EST LA SECURITE DE NOS VOLS QUI EN
DEPEND !